Technique

Séparations coupe-feu et revêtements de plancher – Éviter les erreurs courantes

Le choix des matériaux et l’installation des murs et séparations coupe-feu, ainsi que des revêtements de plancher sont à l’origine de plusieurs problématiques observées. Lacunes au niveau de la protection incendie, bris et moisissures sont quelques-unes des nombreuses conséquences pouvant découler d’une installation non conforme ou déficiente. Voici un tour d’horizon des erreurs les plus courantes et des pistes de solutions pour les éviter.

La continuité et l’intégrité des murs coupefeu ainsi que la continuité et l’étanchéité des séparations coupe-feu font partie des principales non-conformités observées sur les chantiers de construction. Leur rôle étant de limiter la propagation du feu et de la fumée en cas d’incendie, une installation non conforme pourrait engendrer des conséquences désastreuses.

Murs coupe-feu

Un mur coupe-feu sert à séparer des bâtiments contigus afin de s’opposer à la propagation du feu. Ce type de séparation coupe-feu doit être de construction incombustible, c’est-à-dire que le degré de résistance au feu doit être assuré par des matériaux incombustibles (blocs de béton, maçonnerie de briques, etc.). Généralement doté d’un degré de résistance au feu élevé (deux ou quatre heures), le mur coupe-feu doit rester structurellement intact durant la période de temps assigné et doit traverser tous les étages (de la dalle du sous-sol jusqu’au-dessus du toit).

ERREUR : les soffites de toit en saillie (combustibles) sont continus d’un bâtiment à l’autre et traversent la ligne de lot et le mur coupe-feu.

Un élément en saillie est ce qui excède ou se prolonge au-delà d’un mur coupe-feu. Dans l’exemple ci-contre, les soffites sont en saillie par rapport au mur coupe-feu. Pour être conformes, ceux-ci doivent former une surélévation d’au moins 150 mm.

surrélévation du mur coupe-feu

FIGURE 9.10.14.5. – 01.7

Jonction conforme du mur coupe-feu et d’un parement incombustible

  1. Mur coupe-feu (mitoyen)
  2. Parement de maçonnerie (incombustible)

ERREUR : des matériaux combustibles (membranes, fourrures, revêtements combustibles) passent devant le mur coupe-feu en façade (avant/arrière).

Un matériau combustible ne doit pas se prolonger de l’autre côté d’un mur coupe-feu. Toutefois, le Code du bâtiment prévoit quelques exceptions. Par exemple, un parement incombustible comme de la maçonnerie peut se prolonger ou passer devant le mur coupe-feu si ce dernier est directement en contact et parfaitement jointif.

jonction conforme

FIGURE 9.10.14.5. – 01.7

Jonction conforme du mur coupe-feu et d’un parement incombustible

  1. Mur coupe-feu (mitoyen)
  2. Parement de maçonnerie (incombustible)

Jonction conforme

FIGURE 9.10.14.5. – 01.6

Jonction conforme du mur coupe-feu et d’un parement combustible

  1. Mur coupe-feu (mitoyen)
  2. Matériaux combustibles
  3. Revêtement combustible(en retrait du mur coupe-feu)

ERREUR : les balcons et les escaliers en matériaux combustibles sont situés à moins de 1,2 m de la ligne de lot entre les deux bâtiments.

Lorsqu’un mur coupe-feu sépare des bâtiments, les éléments combustibles d’un bâtiment, qui sont en saillie par rapport à l’extrémité du mur coupe-feu, y compris les balcons, paliers, auvents, débords de toit et escaliers, sont interdits à moins de 1,2 m de l’axe du mur coupe-feu. Toutefois, ils sont autorisés s’ils ne font pas saillie par rapport au mur coupe-feu. Dans ce cas, le mur coupe-feu doit se prolonger jusqu’au bout de ces derniers.

Éléments combustibles

FIGURE 9.10.14.5. – 01.10

Éléments combustibles à proximité du mur coupe-feu

  1. Le mur coupe-feu doit se prolonger jusqu’au bout des balcons et escaliers en matériaux combustibles qui sont situés à moins de 1,2 m (environ 4 pi) de la ligne de lot.
  2. Saillies combustibles interdites à moins de 1,2 m (environ 4 pi) de l’axe du mur coupe-feu.

Séparations coupe-feu

Les séparations coupe-feu (murs, planchers et plafonds) servent à retarder la propagation du feu entre les différents compartiments d’un bâtiment afin de donner le temps aux occupants d’évacuer les lieux et aux pompiers d’intervenir. Contrairement au mur coupefeu, la séparation coupe-feu peut être de construction combustible (en bois) et ne pas avoir de degré de résistance au feu, en fonction de l’aire, de la hauteur et de l’usage du bâtiment visé.

ERREUR : non-continuité des séparations coupe-feu des escaliers d’issue.

Afin d’assurer une résistance au feu et une étanchéité à la fumée dans les cages des escaliers d’issue et ce, que le feu provienne de la cage d’escalier ou du comble du toit, le prolongement des séparations coupe-feu doit être implanté. Pour ce faire, la charpente au-dessus de la cage d’escalier doit être indépendante de la charpente du toit.

separations coupe-feu verticales

FIGURE 9.10.9.10. – 01.2

Séparations coupe-feu verticales continues sous toit

  1. La charpente au-dessus de l’escalier est indépendante de la charpente du toit.

Bien que particulièrement difficile lorsque l’axe de ces murs est perpendiculaire à la direction des poutrelles ou des fermes de toit, le prolongement de la séparation coupe-feu dans le comble du toit est essentiel. Toutefois, cela engendre une problématique au niveau de la ventilation, car ces espaces encloisonnés doivent être ventilés avec prise et sortie d’air. De plus, une séparation coupe-feu qui isole une issue du reste du bâtiment ne doit comporter aucune ouverture, sauf pour le passage des câbles électriques, des canalisations incombustibles et des tuyaux incombustibles qui ne desservent que l’issue.

ERREUR : les paliers des escaliers d’issue interrompent la continuité de la séparation coupe-feu des cages d’escalier.

Les séparations coupe-feu des cages d’escalier d’issue doivent être continues, jusqu’au pontage des planchers aux vides de construction de tous les planchers que ces cages d’issue traversent.

separations coupe-feu verticales

FIGURE 9.10.9.10. – 01.03

Séparations coupe-feu verticales continues aux planchers

  1. La séparation coupe-feu qui isole l’issue doit avoir une protection continue et ne doit comporter aucune ouverture sauf pour le passage des équipements qui desservent uniquement l’issue.
  2. Puisque la séparation doit avoir une protection continue, il apparaît logique de construire un deuxième mur.

Heureusement, une analyse approfondie et une application stricte du Code dès la conception et la réalisation des plans permettent d’éviter toutes ces erreurs !

revêtements de planchers

Revêtements de plancher

Le choix des matériaux est à l’origine de plusieurs problématiques concernant les revêtements de plancher. Avant d’arrêter son choix sur un revêtement de sol, une attention particulière doit être portée à la résistance du produit par rapport à son utilisation, ainsi qu’à sa résistance à l’humidité par rapport à la pièce dans laquelle il sera installé. Autrement, une détérioration, des bris ou des problèmes de moisissures pourraient survenir.

La méthode d’installation est aussi la cause de nombreux problèmes rencontrés. C’est pourquoi, une fois le matériau choisi, il est très important de faire appel à de la main-d’oeuvre spécialisée dans la pose dudit matériau et surtout, de suivre à la lettre les recommandations du fabricant !

Selon le revêtement de sol choisi, il faut également veiller à installer le support de revêtement de sol adéquat (autant en termes d’épaisseur que de matériau). De plus, il faut s’assurer que la structure du plancher est appropriée pour le revêtement de sol utilisé.

Malgré tout, un problème de revêtement de plancher survient ? Le tableau ci-dessous dresse un portrait des causes possibles.

  LES PROBLÈMATIQUES LES CAUSES POSSIBLES
Bois
  • Fléchi
  • N’est plus embouveté
  • N’a pas été installé perpendiculairement aux solives
  • Est grafigné
  • Des objets trop lourds ont été installés ou déplacés sur le revêtement de sol
  • Se dilate anormalement
  • N’a pas reposé dans la pièce un certain temps avant l’installation (afin qu’il prenne la même température que la pièce)
  • A été mal cloué
Céramique
  • Craque
  • La mauvaise épaisseur de coulis a été appliquée
  • Une truelle sans dents a été utilisée lors de l’application du coulis
Plancher flottant
  • Présente des enfoncements ponctuels
  • L’épaisseur du sous-plancher installé varie d’un endroit à l’autre de la pièce
  • Retrousse
  • A été installé trop serré
  • N’est plus embouveté
  • A été installé sur une trop grande surface sans être fractionné
Tapis
  • Gondole
  • N’a pas été assez tiré lors de l’installation
  • Déchire
  • A été trop tiré lors de l’installation
  • Des objets trop lourds ont été installés ou déplacés sur le revêtement de sol
  • Décolle
  • Les joints ont mal été collés
  • La mauvaise sorte de colle a été utilisée
Vinyle et linoléum
  • Déchire
  • Casse
  • Des objets trop lourds ont été installés ou déplacés sur le revêtement de sol
  • Décolle
  • La mauvaise sorte de colle a été utilisée
  • La mauvaise épaisseur de colle a été appliquée
  • A été installé lorsque la température de la pièce était inadéquate
  • Incompatibilité entre les matériaux.