Technique

Économie d’énergie : des investissements qui rapportent

Pierre Longpré
Chroniqueur technique

L’économie d’énergie est un point essentiel dans la conception de vos projets. Maintenant, avec l’adoption du nouveau chapitre B1.1 – Efficacité énergétique dans le bâtiment du Code de construction du Québec, les exigences de performance revues à la hausse marquent le pas pour des investissements qui rapporteront.

Le 27 juin 2020 est entré en vigueur le nouveau chapitre B1.1 du Code de construction du Québec sur l’efficacité énergétique et les exigences qui y sont contenues sont basées sur le Code national de l’énergie pour les bâtiments qui a été édité par le Conseil national de recherches du Canada en 2015.

Malgré une période transitoire de 18 mois prenant fin le 27 décembre 2021, notre façon de construire doit maintenant s’ajuster aux nouvelles exigences sur l’efficacité énergétique qui n’avait pas été revues depuis 1983.

Il est possible d’utiliser l’ancienne réglementation pour les projets dont les travaux démarrent avant le 27 décembre 2021. L’obligation d’utiliser la nouvelle réglementation pour les projets touche les travaux qui débuteront après le 27 décembre 2021.

Ces exigences s’appliquent aux nouvelles constructions et aux agrandissements :

  • De bâtiments de type commercial, institutionnel et industriel;
  • D’édifices d’habitation de plus de 3 étages ou de plus de 600 m2;
  • D’édifices d’habitation d’au plus 3 étages et d’au plus 600 m2 abritant des logements et un autre usage (par exemple un commerce, comme un dépanneur).

Les nouvelles exigences s’appliquent aussi aux piscines dont la superficie est de plus 100 m2.

Les différences entre les exigences actuelles et celles du nouveau chapitre portent, entre autres sur :

  • Le rehaussement des caractéristiques thermiques des composantes en contact avec le sol ou avec l’extérieur;
  • Le rehaussement des caractéristiques thermiques du fenêtrage, des portes avec et sans vitrage et des lanterneaux;
  • La continuité de l’isolation avec l’obligation d’atténuer les ponts thermiques;
  • La puissance d’éclairage intérieur et extérieur admissible et leurs commandes;
  • La récupération de chaleur exigée dans les installations de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air (CVCA), y compris les piscines, les équipements de réfrigération et les hottes de cuisine commerciales;
  • L’isolation thermique des conduits et le calorifugeage de la tuyauterie.

Selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), ces nouvelles exigences permettront d’améliorer de 27,9 %, en moyenne, la performance énergétique globale des bâtiments visés par rapport aux exigences existantes du Règlement sur l’économie de l’énergie dans les nouveaux bâtiments datant de 1983.

Cependant, le fait de construire un projet avec un plus haut rendement énergétique demandera des efforts de tous pour atteindre les cibles fixées par le gouvernement.

À l’horizon 2030, les économies d’énergie cumulée générées par le règlement seraient équivalentes à la consommation énergétique annuelle de quelque 70 000 nouvelles maisons, alors que l’évitement d’émissions de gaz à effet de serre qui en découle correspondrait à retirer près de 18 000 automobiles des routes du Québec.

Les défis techniques concernant la conception notamment des enveloppes sont grands et demanderont de la part des concepteurs une attention particulière pour tout projet.

En effet, Québec cible davantage, avec ce nouveau chapitre, les impacts des ponts thermiques des enveloppes et exige par exemple pour Montréal, une résistance effective de RSI 3.6 soit R20.4 pour les murs extérieurs.

Plusieurs solutions de l’industrie commencent à émerger sur le marché 

Nous pouvons maintenant trouver des attaches plus performantes pour les barres de fixation du revêtement extérieur. Ces attaches permettent la conception des enveloppes avec la considération des impacts sur la valeur RSI eff des ponts thermiques.

Avec l’isolation supplémentaire nécessaire pour répondre aux exigences de performance, l’épaisseur des enveloppes extérieures sera plus importante.

Pour les ouvertures, elles sont limitées à 40 % du total de la surface des murs. Cette exigence pose un défi pour les murs-rideaux des grands immeubles en verre, car la partie opaque du revêtement peut difficilement atteindre la résistance thermique exigée (RSI eff 3.6 = R20.4). Ce qui demandera nécessairement, dans le cas des murs-rideaux, de procéder à une simulation énergétique afin de vous prémunir du chapitre 8 qui autorise et paramètre la méthode par performance et de proposer une conception innovante et conforme.

Changement des valeurs et du calcul R chronique technique printemps 1
R : Résistance effective (hr·pi2·0F / Btu) et (m2.K/W)Source : MERN

Résistance effective des éléments hors sols
Fenêtres et portes
chronique technique printemps 2
U : Coefficient de transmission global (Btu / hr·pi2·0F ) et (W / m2.K)Source : MERN

chronique technique printemps 3

Les balcons doivent aussi offrir des conceptions qui considèrent ces ponts thermiques et le chapitre B1.1 suggère des détails élaborés soit avec des rupteurs de ponts thermiques offerts sur le marché ou des solutions de conception avec l’isolant rigide.

Le MERN estime à 3,5 % l’augmentation des coûts de construction liée à ces nouvelles normes. Le Ministère calcule que la période moyenne de rendement du capital investi simple sera de 6,8 ans.

Actuellement, le MERN et Hydro-Québec mettent leurs efforts afin de faire connaître ce nouveau chapitre et de mettre à notre disposition des outils comme le logiciel de simulation énergétique. La RBQ assurera l’intégration du chapitre B1.1 dans le CCQ 2010 ainsi que de futures formations.

Malgré la situation de pandémie et afin de rencontrer les cibles de diminution de gaz effet de serre, l’implication de l’industrie de la construction capable d’innovation est au centre de la réalisation de ces objectifs.

L’ACQ vous fera suivre toutes nouvelles informations ou tous nouveaux développements sur ce dossier. En attendant plus de précisions au sujet des outils de simulation, le recours à des professionnels dès le début de votre projet est votre meilleure chance de succès afin de mettre en place votre stratégie de conception dans vos projets qui se démarqueront par leur qualité et une grande performance énergétique; un gage de bon placement.

Sources : Régie du bâtiment du Québec (RBQ) et ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) Thermal Performance of Building Envelope Details for Mid- and High-Rise Buildings (1365-RP), Morrison Hershfield, 2011.
Présentation : Rehaussement des exigences en efficacité énergétique, par: Philippe Hudon, ing. M.Sc.A., PA LEED, BEMP.
Formation sur le nouveau chapitre B1.1 Formation continue, Ordre des architectes du Québec.
Documentation MERN..