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Revêtements de toitures : Tendances et enjeux de l’industrie

Association de la construction du Québec
Actualités de la construction

Photo : Toitures J. Bélanger

La pluie, le vent, la neige, le verglas, la glace, le chaud soleil d’été et les chocs thermiques, créés par les conditions climatiques extrêmes des régions nordiques que nous habitons, contribuent largement à l’érosion rapide des matériaux et à la dégradation des revêtements de toitures au Québec. Une telle situation favorise le plein emploi dans l’industrie.

Or, refaire faire sa toiture demeurera toujours pour un propriétaire d’habitation un irritant, un passage obligé dans la vie d’une maison, disent les couvreurs. Néanmoins, il s’agit d’un investissement pour protéger ce qui représente le plus précieux des acquis pour un propriétaire : sa propriété. Dans ce contexte, savoir vendre ses services en procédant à une bonne inspection et en fournissant un devis d’estimation rigoureux et éclairé, évitant dans la foulée de mauvaises surprises au client, l’augmentation des coûts une fois les travaux lancés notamment, permet à l’entrepreneur d’asseoir sa réputation et de démontrer son expertise tout en instruisant ou en conscientisant le consommateur sur le bien-fondé d’un toit en santé. Mettre les cartes sur table dès le départ rassure l’éventuel client et vous assure une longueur d’avance dans la course aux travaux. Le climat de confiance que ces bonnes pratiques instaurent aide d’emblée à promouvoir la qualité des matériaux que vous suggérez et de la main-d’œuvre qui vous accompagne, encourageant au passage une culture d’entreprise saine et profitable. La qualité de l’exécution est garante de compétences et de continuité en affaires, deux soucis qui renforcent l’image de l’industrie et qui propulsent son essor.

Bâtir la confiance

article-revetement-toiture4Un propriétaire de maison unifamiliale à Laval a été agréablement impressionné par l’approche d’un entrepreneur couvreur récemment. Ce dernier, après avoir sollicité trois soumissionnaires pour des travaux de réfection de toiture, s’est rapidement tourné vers l’un d’entre eux pour lui accorder sa pleine confiance. Le client explique que le représentant d’entreprise venu réaliser une estimation à domicile n’est pas demeuré au sol comme les deux autres concurrents afin d’examiner l’état de la couverture. « Il est monté sur le toit et m’a invité à attendre au sommet de l’échelle si je le désirais pour me communiquer de vive voix certains constats préliminaires. Ses observations judicieuses et sa démarche d’opération ordonnée et claire m’ont rapidement fait comprendre ce qui n’allait pas sur ce toit. L’entrepreneur a notamment guidé mon attention sur la présence d’une feuille de contreplaqué ruinée par l’érosion sous le bardeau, du bois mou ou pourri au point de créer un creux en s’y appuyant. Il m’a également pointé l’état du pourtour de la cheminée tout en traitant des conséquences que cela pouvait engendrer, dont certaines traces d’humidité camouflées. Il m’a ensuite demandé s’il pouvait accéder aux combles par la trappe située dans la maison pour poursuivre son inspection. Sa visite qui a duré environ une heure a permis de détecter des défaillances que je ne soupçonnais pas, en outre, de confirmer la nature des problèmes exposés, en plus de proposer des solutions durables. Il m’avait convaincu en l’espace de 60 minutes de son engagement à bien effectuer les travaux d’ensemble. Il m’a posé plusieurs questions relatives aux derniers travaux exécutés en plus d’apporter des réponses à mes interrogations sur de possibles sources de dégradation de la couverture. Ce couvreur de métier a produit un devis un peu plus élevé que ses concurrents certes, mais son inspection était approfondie et ses solutions sensées. Il a poussé plus loin la démarche en dressant une liste d’adresses de domiciles de clients chez qui il avait fait des travaux de toitures, en m’invitant de surcroît à aller voir de visu le travail qu’il avait accompli et d’obtenir au besoin les commentaires des clients sur place. Ce que j’ai fait et qui m’a formellement convaincu de sa capacité à faire du bon travail, références à l’appui. Sa compétence et sa transparence ont eu raison du prix. »

Établir une juste tarification

Évidemment, il est important de suggérer de bons produits. Personne n’est contre la vertu. Encore faut-il savoir correctement installer ces produits, ce qui implique de bien veiller à l’étanchéité du toit. Il est tout aussi important de savoir communiquer l’information au client dès l’étape de l’inspection, ce qui s’avère un gage d’une bonne planification.

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Michel Paré – AMCQ. Photo : AMCQ

Selon Michel Paré, directeur Développement des affaires de l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec (AMCQ), « La majorité des produits de toitures sont de très bonne qualité. Les problèmes, lorsqu’on les constate, découlent de l’insouciance des installateurs à bien exécuter la tâche. De mauvaises pratiques, des connaissances insuffisantes, un manque de formation, donc une méconnaissance d’applications, qu’elle soit consciente ou non, fait mal à l’industrie. Bien que cette attitude ne représente pas la norme, elle sème de la confusion ou de l’inquiétude dans l’esprit du client qui doit choisir à qui confier les travaux. Autre champ de bataille : la sous-estimation du coût des travaux à entreprendre, des soumissions mal ficelées qui laissent prétendre qu’un concurrent au demeurant plus compétent exagère la facturation font craindre le pire dans l’industrie. Pourquoi payer davantage pour un même mandat ? se disent les clients. » Pour rectifier le tir, il importe de régir et d’encadrer le métier de couvreur tranche Michel Paré, ajoutant que la compétence est indissociable d’une saine attitude et d’une juste tarification.

Tout le monde gagne à bien faire les choses, observe également Christian Jutras, directeur technique Systèmes de toiture chez Fransyl. Il précise d’ailleurs que le manufacturier s’empresse de recommander des installateurs qui s’investissent dans la formation continue, la compétence et dans le travail irréprochable.

Employer des matériaux de qualité

article-revetement-toiture2L’utilisation de bardeaux de meilleure qualité, généralement des produits haut de gamme assortis de garanties pouvant atteindre 40 ans, des bardeaux architecturaux renforcés avec un voile de fibre de verre à feuille pleine, comparativement aux composantes organiques à trois pattes, marque la tendance de l’installation sur les toits inclinés du secteur résidentiel. « Ces matériaux exigent toutefois le respect des consignes de pose décrites par les manufacturiers. En outre, l’emploi d’une main-d’œuvre qualifiée, de personnes en mesure d’investiguer et de mesurer la performance des combles avant même d’entreprendre la réfection et qui prend en considération tous les détails menant à un travail bien fait, portant une attention manifeste à la confection des jonctions, des noues, du pourtour des puits de lumière, des lucarnes et des cheminées. Des installateurs minutieux qui doivent également tenir compte du degré d’isolation des produits employés, car les isolants doivent performer dans le temps. À cet égard, certains matériaux non recommandés et malgré tout installés perdent leur efficacité avec le temps », estime Christian Jutras.

S’ajoutant à la tendance, les textures granulaires plus nuancées en termes de couleurs et de singularité du dessin d’ensemble, des revêtements plus intéressants pour le coup d’œil, ont également la cote auprès des consommateurs. Les fabricants ont saisi cet enjeu en raffinant l’assortiment de coloris afin de produire des bardeaux toujours plus attrayants et distinctifs. Une façon pour un propriétaire d’habitation de se démarquer en beauté des autres toits du quartier.

Produits sous la loupe

Les membranes monocouches utilisées sur les toits plats jouissent également d’une grande popularité. Ces produits particulièrement employés dans les secteurs institutionnel-commercial et industriel se déploient maintenant dans le milieu résidentiel. Ce type de membrane ne nécessite pas l’usage d’une flamme nue, ce qui rend l’opération plus sécuritaire.

Il existe bien entendu d’autres matériaux de recouvrement de toiture. Or, leur usage est peu répandu. C’est le cas notamment des tuiles d’ardoise, un produit de très haute qualité, mais friable. Très dispendieux à l’achat comme à l’installation, leurs poses nécessitent le recours à une main-d’œuvre hautement qualifiée. Ce produit habille généralement le toit des résidences cossues. Aussi, les tuiles de céramique, de type terra cota, appréciées des propriétaires de maisons d’inspiration italienne sont légions dans certains périmètres urbains. Les toits de métal constituent également un excellent choix de matériau. « Toutefois, leur part de marché est négligeable à ce jour », affirme Christian Jutras.

Les toits blancs

article-revetement-toiture5Le positionnement géographique du Québec, comme la plupart des contrées nordiques du globe, offre peu de perspective à la prolifération des toits blancs. La courte période de canicule qui assaille le Québec en été est peu favorable à ce type d’installation disent les experts de l’industrie de la toiture. Sans vouloir s’immiscer dans un créneau de spécialité dans lequel on pourrait s’égarer, soulignons qu’ingénieurs et urbanistes estiment que d’autres solutions beaucoup plus viables en termes de réfraction de la chaleur en zone densément peuplée s’imposent. Une présence plus étendue d’îlots de verdure au sol et la construction soutenue d’artères de circulation à surface de béton ou un fini qui repousse la chaleur sont à leur avis plus indiqués.

Cependant, en matière de toit, l’utilisation de membranes foncées constitue sur les plans énergétiques et écologiques un bien meilleur investissement. En effet, les études des manufacturiers de produits de toiture démontrent que les membranes de couleur grise ou plus foncée représentent un choix plus sensé compte tenu de notre positionnement géographique. Elles contribuent d’emblée à attirer et à emprisonner la chaleur et ce faisant, à économiser de l’énergie, à réduire la facture de chauffage des habitations, ce qui est un net avantage pour les consommateurs sous notre latitude. Elles permettent également de cesser de chauffer l’habitation plus tôt le printemps et d’avoir recours au chauffage plus tard à l’automne. Par contre, il est faux de prétendre que la couleur d’un revêtement de toiture puisse servir de substitut aux isolants. Une bonne isolation protégera les résidents contre le froid et la chaleur.

La filière verte

article-revetement-toiture3Nos étés trop courts encouragent par conséquent la prolifération des toits verts, aussi appelés toitures végétales. « La demande pour ce type de toit augmente », note Christian Jutras. Dans ce cas, et particulièrement dans le milieu résidentiel, il faut s’assurer de la force structurelle de l’habitation, de sa capacité à supporter un toit vert. En effet, plusieurs propriétaires qui n’ont pas fait connaître leur intention au constructeur d’origine ont parfois tendance à improviser la constitution de cet ajout à la maison. Les professionnels de la toiture se doivent également de prodiguer plusieurs conseils aux résidents de ces habitations, notamment ils doivent bien renseigner les amateurs de toits verts sur l’importance d’une irrigation adéquate et des risques d’incendie que ces couvertures peuvent entraîner. Ces toitures sont généralement hautement combustibles : un mégot de cigarette mal éteint ou oublié peut allumer un feu dans le substrat. Il peut sournoisement couver des heures durant avant d’éclater au grand jour. Il est également approprié d’informer les propriétaires des aléas de l’entretien d’un espace de verdure sur le toit avant de se lancer dans l’aventure.

Les toits verts sont associés à des espaces de repos en plein air, mais aussi à un prolongement de l’aire habitable d’une maison. Des propriétaires optent pour une plateforme-terrasse entourée de verdure. Il faut dans ce cas prévoir des panneaux de support et planifier un assemblage particulier de système de toit. « Un équipement en mesure d’encaisser la surcharge de poids assorti d’un assemblage de matériaux plus résistants à la compression par rapport à des matériaux conventionnels. Dans le cas où des éléments doivent être déposés sur la surface de la toiture, l’installation d’une membrane sacrifice est nécessaire pour ne pas dégrader la vie utile de la membrane principale », ajoute M. Jutras.

Bien servir le métier

Ici comme ailleurs, le partage de connaissances, c’est-à-dire le transfert de l’expertise acquise auprès de la relève, représente le principal défi de l’industrie. La nouvelle génération d’entrepreneurs couvreurs comprend l’importance de cette pratique. Ainsi, un personnel compétent et expérimenté doit s’assurer de bien communiquer les nouvelles techniques et dispositions du métier et, dans la foulée, encourager la formation et la compétence. Or, des travailleurs vieillissants, mais extrêmement adroits et compétents refusent de s’y engager, préférant garder pour eux – dans la crainte de perdre leur emploi et de se faire remplacer par un plus jeune travailleur – ces conseils si précieux qui contribuent à améliorer la qualité du travail et à consolider la valeur d’une équipe. La pénurie de main-d’œuvre qui hante l’industrie aura tôt fait de convaincre les plus réticents de mieux servir le métier.

Le défi pour les décennies à venir est d’encourager le partage et le transfert de connaissances nécessaires pour maintenir et favoriser les plus hauts standards de qualité et de professionnalisme de la main-d’œuvre. « Cela doit passer de façon indéniable et incontournable par une formation adéquate et continue, un apprentissage reconnu par les professionnels de l’industrie de la toiture : la mission que s’est donnée l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec », conclut Michel Paré, directeur Développement des affaires de l’Association des Maîtres Couvreurs du Québec (AMCQ).