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Mécanique de bâtiment durable

Marc Beauchamp
Chroniqueur actualités

Un meilleur rendement thermique de la coquille du bâtiment est relié non seulement au choix des matériaux, mais à l’orientation stratégique des fenêtres, à l’optimisation des principes d’échange d’air en tenant compte de la récupération de chaleur et de la ventilation naturelle, à des systèmes novateurs à très haut rendement, à l’éclairage naturel en remplacement de l’éclairage artificiel, ainsi qu’à la réduction de la consommation d’eau. La mécanique de bâtiment d’aujourd’hui est inspirée par la désignation LEED. L’ingénieur a donc son mot à dire pour la composition de l’enveloppe et pour l’orientation du bâtiment, décision qui relevait traditionnellement seulement de l’architecte. Portrait de la nouvelle dynamique de l’industrie.

L’approche de développement durable qui prévaut dans l’industrie de la construction dans les secteurs IC/I a considérablement fait évoluer l’offre des manufacturiers de systèmes de mécanique de bâtiments, bousculant les pratiques du métier. Particulièrement depuis les dix dernières années, précise Pierre-Luc Baril, ingénieur agréé LEED chez Pageau Morel, une entreprise spécialisée dans les domaines de l’ingénierie mécanique et électrique, de l’efficacité énergétique et de l’écoconception. Des modifications qui, au fil du temps, ont contribué à l’émergence de systèmes plus performants. Une dynamique verte qui, au-delà des équipements, a entraîné de nouveaux comportements et une meilleure synergie de communication entre les acteurs de la chaîne de projet en amont des chantiers. « Une façon d’agir plus responsable qui a mis fin à une longue tradition établie de travail en silo qui donne préséance à une formule élargie de travail d’équipe, implantant derechef un environnement beaucoup plus participatif », indique M. Baril. La désignation LEED à l’origine de ces nouvelles mœurs de conception et de rendement, dans lesquelles la mécanique de bâtiment joue un rôle de premier plan, a donné naissance à une révolution de génie.

Sortir de l’approche traditionnelle

Mecanique-batiment Photo 1 Mécanique de bâtiment Pierre-Luc BarilDes systèmes plus efficaces et moins encombrants, dotés de moteurs performants, moins énergivores et des équipements de géothermie évolués, permettent aux firmes d’ingénierie d’être plus innovatrices en proposant des concepts d’avant-garde.

PHOTO: Pierre-Luc Baril, Ingénieur agréé LEED

 

« Des concepts novateurs, mais aussi reconnus, convient Pierre-Luc Baril, estimant qu’il faut agir avec une certaine prudence dans le cas des nouveaux produits qui n’ont pas encore fait leurs preuves.

« Nous devons nous assurer que le client, c’est-à-dire le décideur ou le gestionnaire avec qui nous traitons, affiche une bonne ouverture d’esprit, qu’il est réceptif et épouse ces valeurs, avant de lui soumettre un tel projet. » Pierre-Luc Baril, Pageau-Morel

De plus en plus de clients commerciaux et institutionnels sont enclins à sortir de l’approche traditionnelle. « Ils le font parfois pour des raisons de marketing sociétal, mais aussi par conviction personnelle, engagés au quotidien dans la défense de gestes plus écoresponsables. Sans égard à l’objectif fixé, ce choix représente souvent des investissements initiaux plus importants qui peuvent se transformer en économie à long terme. Le client doit donc accepter cette surprime initiale. L’approche de conception intégrée qui réunit plusieurs intervenants peut générer des économies substantielles en permettant, par exemple, de réduire la taille des systèmes de chauffage et de refroidissement. L’utilisation d’une stratégie telle que les planchers radiants, augmente le confort des occupants, ce qui ne s’exprime pas directement par des économies sur les coûts d’opérations du bâtiment, mais plutôt par un climat plus sain pour ses occupants.

Formation à l’avant-plan

Ces bâtiments très performants intègrent généralement des dispositifs de contrôle et de régulation de ventilation, de chauffage et de climatisation de plus en plus évolués. Ces systèmes de contrôle complexes doivent être régulièrement passés en revue et scrupuleusement entretenus.

Le personnel d’exploitation du propriétaire doit être formé et disponible pour veiller à l’entretien de ces systèmes. Il ne faut surtout pas attendre qu’un bris survienne, mais plutôt investir dans la maintenance préventive. Que l’on fasse appel à la sous-traitance ou à l’embauche de personnel à temps plein, il existe actuellement un bassin de techniciens professionnels qualifiés pour ces tâches, mais ceux-ci doivent s’assurer de bien comprendre l’ensemble des paramètres des systèmes avant d’apporter des modifications.

Les fabricants constamment engagés dans la recherche et le développement technologique participent d’emblée à la mise sur pied de programmes de formation pour le personnel. « Ils doivent convaincre les entrepreneurs à se familiariser avec les nouveautés, les instruire sur l’existence des systèmes proposés afin de les aider à apprivoiser rapidement la nouvelle réalité », indique Pierre-Luc Baril.

Le secteur de la mécanique de bâtiment est en pleine ébullition. Des manufacturiers de partout dans le monde décrivent l’industrie comme étant désormais plus jeune et responsable sur le plan des idées, et davantage agressive sur le plan de l’action. Des qualités qui encouragent l’innovation et favorisent l’efficacité. Sur une base continue, l’industrie propose de nouveaux équipements, de nouvelles pratiques et des solutions. Des systèmes généralement plus performants et fiables pouvant de surcroît être aisément mis à niveau naissent à tout moment.

Le Québec est à cet égard un terreau fertile de génie et d’avant-garde sur le plan international. Inspirée par l’amplitude de notre climat, marqué par d’importants contrastes thermiques annuellement, notre approche rivalise d’intérêt et d’applications à l’international. Elle contribue au déploiement de plusieurs nouveaux concepts, affirmant la complète et rigoureuse adoption de nos procédés et systèmes à l’étranger. Bien entendu, les pays émergents fabriquent des composants, voire des systèmes entiers de mécanique de bâtiment, à plus faible prix, parfois de qualité équivalente ou inférieure. « Dans ce contexte, il est important de séparer le bon gain de l’ivraie en termes de produits. Il faut en surveiller l’évolution pour se faire une opinion et s’entourer de partenaires de confiance, observe Pierre-Luc Baril. Les analyses et les mesures d’impact permettent d’établir des choix sensés et d’assurer la rentabilité du projet. »