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Efficacité énergétique

Marc Beauchamp
Chroniqueur actualités

Pose de murs solaires – Photo : Commisssion scolaire des Affluents

Des conseils d’établissements des commissions scolaires et du milieu de la santé au Québec ont mis officiellement en route, il y a quelques années, à l’aide de firmes sous-traitantes, des stratégies efficaces d’économies d’énergie, d’abaissement de la pollution atmosphérique et de diminution des rejets de gaz à effet de serre (GES).

Un important chantier ciblant à terme l’atteinte d’un bilan carboneutre qui, au-delà de l’implantation réussie de mesures d’optimisation des systèmes de chauffage, de climatisation, de ventilation et d’éclairage des bâtiments concernés, a contribué à l’accroissement du confort des occupants. Le programme a également été volontairement assorti d’une campagne de sensibilisation encourageant autant la direction que la clientèle des établissements à adopter un comportement plus écoresponsable, au travail comme à la maison.

Résolument bénéfiques sur le plan environnemental, ces stratégies procurent d’emblée des économies annuelles récurrentes dans les organisations qui ont adopté ces mesures. Les économies ainsi récoltées servent à poursuivre le mouvement d’acquisition d’équipements ou à pallier d’autres dépenses de fonctionnement. Une stratégie gagnante sur tous les plans.

Des précurseurs

Gilles Boutin, régisseur en gestion de l’énergie des ressources matérielles de la Commission scolaire des Affluents, regroupant 79 établissements d’enseignement dans la région de Lanaudière, précise que tout a débuté en 2006 dans le cadre de la stratégie énergétique du Québec. Dans ce contexte, les commissions scolaires étaient invitées à réduire globalement de 10 %, avant 2010, la consommation énergétique de leur parc immobilier par rapport à la consommation de l’année de référence 2003.

« S’invitant directement dans le débat, l’État a forcé l’avènement de nouvelles dispositions stimulant l’efficacité énergétique des bâtiments, particulièrement dans le secteur institutionnel. Dans certains cas, précédant de plusieurs mois l’adoption de la loi, des conseils d’administration d’écoles à caractère plus proactif se sont empressés de prêter main-forte au nouveau cadre de gestion. La globalité de la démarche étant encouragée par un protocole de subventions, ils ont lancé dans le respect des exigences de Québec des appels de candidatures de firmes québécoises de services de spécialité écoénergétique. Au lendemain de l’étape de sélection, les compagnies candidates retenues ont été invitées à soumettre un plan de propositions d’optimisation énergétique pour chacun des bâtiments ciblés. »

Issue d’une politique environnementale gérée par le Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétiques du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, anciennement connu sous le nom de l’Agence de l’efficacité énergétique du Québec, l’initiative a permis de mettre en œuvre des concepts qui, dans la foulée, ont affiné le champ d’expertise des firmes québécoises, en plus de favoriser l’achat et l’installation d’équipements performants de pérennité québécoise. De ce tribut se profilait le développement d’une main-d’œuvre encore plus qualifiée, donnant naissance à une formation technique plus pointue. Des programmes de perfectionnement qui ont notamment été offerts au personnel de maintenance chargé de l’entretien des nouvelles composantes de CVAC des bâtiments de la commission scolaire.

Imposant projet

« On ne réinvente pas la roue, mais les mesures évoluent », résume Gilles Boutin pour désigner l’importance d’agir. Il réfère pour illustrer sa pensée aux sociétés de la Grèce et de la Rome antiques qui avaient fait de l’efficacité énergétique une priorité. « De l’architecture bioclimatique de la Grèce de l’Antiquité aux vitrages romains d’alors, où ventilation et lumière naturelles composaient les origines du confort, de surprenantes conceptions techniques ont vu le jour. » Estimant qu’un comportement proactif est nécessaire pour repousser les limites de l’efficacité et de l’optimisation énergétiques, il signale la volonté de la commission scolaire d’aller encore plus loin. Aux termes des mesures officiellement prises en 2007, dont l’exécution s’échelonne sur une période de 10 ans, une seconde phase d’engagement pourrait être entreprise dès 2017.

La stratégie énergétique 2007-2017 établie par la Commission scolaire des Affluents et les sociétés consultantes a donné naissance à un programme d’amélioration de rendement énergétique pour 42 bâtiments institutionnels. « Ce vaste chantier toujours en cours, évalué à 10 M$, représente le plus gros engagement du genre à avoir été lancé par une commission scolaire au Québec. Un projet qui a permis de globalement abaisser de 15 % nos coûts d’énergie, soit un million de dollars d’économies annuellement depuis son implantation. À cela s’ajoutent des rapports concluant à plus de 2 270 tonnes de CO2 la réduction des GES, notamment par l’élimination du recours aux combustibles fossiles (mazout) », conclut M. Boutin.

Mesures adoptées à la commission scolaire des Affluents
Le plan mis en œuvre a permis à chacune des écoles visées par ce projet de personnaliser son action. Dans l’ensemble, concrètement, sept mesures d’efficacité ont été ciblées :

  1. Optimisation des chaufferies
    Installation de nouvelles chaudières à haute efficacité et remplacement, dans certains cas, de brûleurs conventionnels par des brûleurs plus efficaces.
  2. Implantation de systèmes à commandes numériques
    Installation d’équipements à commandes numériques, remplacement des dispositifs de contrôle des volets d’air frais par des sondes de CO2, abaissement de la température en période inoccupée, délestage de charges, meilleure gestion de la ventilation des locaux avec détecteurs de mouvement et module de variation de la vitesse des systèmes de ventilation.
  3. Éclairage
    Remplacement des composantes d’éclairage existantes par des nouvelles plus efficaces. Remplacement des appareils fluorescents conventionnels dotés de lampes T-12 par des appareils avec ballast électronique équipés de lampes T-8. Un geste faisant aussitôt passer la consommation par appareil de 75 watts à 45 watts.
  4. Panneaux réflecteurs
    Installation de panneaux réflecteurs derrière les radiateurs de chauffage afin de conserver la chaleur à l’intérieur du bâtiment.
  5. Murs solaires
    Pose de murs solaires, soit un revêtement métallique installé à environ 9 à 12 pouces du mur existant selon les bâtiments, orientés plus ou moins vers le sud de façon à maximiser les heures d’ensoleillement. La chaleur entre les murs est captée afin de préchauffer l’air frais en hiver.
  6. Hottes modulantes
    Nouvelles hottes de ventilation en mesure de moduler le débit d’air d’évacuation et d’apport d’air neuf en fonction de l’activité sous les hottes, avec l’aide de différents capteurs optiques et thermiques.
  7. Optimisation de l’enveloppe
    Ajout de calfeutrage autour de certaines portes extérieures afin de diminuer l’infiltration d’air.

Dans les cartons, aux termes d’un nouveau projet à l’étude pour certains établissements, Gilles Boutin estime qu’une source principale de chauffage et de contrôle de température par géothermie pourrait être envisagée par la commission scolaire. Il faudra néanmoins attendre une annonce officielle pour en confirmer la faisabilité.

Ce vaste chantier toujours en cours, évalué à 10 M$, représente le plus gros engagement du genre à avoir été lancé par une commission scolaire au Québec.

La stratégie énergétique 2007-2017 établie par la Commission scolaire des Affluents et les sociétés consultantes a donné naissance à un programme d’amélioration de rendement énergétique pour 42 bâtiments institutionnels.

Documents à consulter :

Commission scolaire des Affluents
Programme d’amélioration du programme d’amélioration du rendement énergétique pour 42 bâtiments (PDF – 14 Mo)