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Derrière le grand chantier du campus MIL de l’Université de Montréal se trouvent de grandes femmes

Association de la construction du Québec
Actualités de la construction

© Pierre Saint-Cyr
Situé au cœur de l’île de Montréal, le campus MIL, qui hébergera le complexe des sciences de l’Université de Montréal, est le plus grand chantier universitaire au pays. Cet imposant chantier se démarque non seulement par son envergure, mais également par le profil des travailleurs qu’il accueille, car les femmes sont bien présentes sur le chantier. Une présence remarquée et applaudie par l’ensemble des corps de métier qui s’affairent à la construction du nouveau complexe des sciences de l’Université de Montréal.

Photo page d’accueil : Amélie Philibert
C’est d’abord un trio de femmes de tête qui pilote le chantier du campus MIL de l’Université de Montréal, représenté par Marie-Claude Houle, présidente de la firme de construction EBC, Anik Shooner, architecte et confondatrice de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes et Hélène Brisebois, ingénieure et présidente de la firme SDK et associés. À ce trio s’ajoutent des femmes du secteur de la construction aux profils multiples et à l’expertise diversifiée.

Vanessa Dufour, arpenteuse, Cristina Serban, manœuvre spécialisée, Paige Sullivan, électricienne, Tanya Beauregard, opératrice d’ascenseur et Tanya Frangetti, cimentière- applicatrice (l’une des 15 au Québec !), ont toutes accepté de partager leur témoignage.

Concrètement, les femmes représentent près de 3 % des travailleurs sur le chantier, tandis que le bureau administratif de chantier du constructeur est quant à lui paritaire.

Marie-Claude Houle, dirigeante de la firme de construction

Marie-Claude Houle, EBC
© EBC

 « Un investissement en bâtiment de cette ampleur, c’est quelque chose qu’on voit rarement au Québec, alors c’est évident que par sa modernité et son prestige, le Complexe des sciences était un projet vraiment intéressant pour nous », affirme Marie-Claude Houle, présidente de la firme de construction EBC.

« C’est la première fois que je travaille sur un projet où les bureaux d’architecture, d’ingénierie de structure et de construction sont dirigés par des femmes », mentionne celle qui voit de plus en plus de femmes arriver à la tête d’entreprises en construction au Québec.

« En sortant de l’école de génie, surtout comme jeune fille qui n’avait pas d’expérience en construction, j’ai dû faire preuve d’une grande humilité, poser des questions, montrer que je voulais apprendre et que les projets me tenaient à cœur », se souvient celle qui est maintenant la patronne de ses deux frères cadets.

Bien sûr, elle a entendu en début de carrière quelques commentaires désobligeants de gens de métiers peu enclins à prendre une femme au sérieux. « Mais, il y a eu une évolution des mentalités, remarque-t-elle. Maintenant, les clients sont heureux de voir qu’il y a des femmes dans l’équipe parce qu’elles apportent de la diversité et bien souvent, de la rigueur. »

Anik Shooner, l’architecte principale du Complexe des sciences

article femmesUdeM Anick Shnooner2© Martine Doucet

De la Maison du développement durable à l’agrandissement du CHU Sainte-Justine, en passant par les condos YUL centre-ville, la Maison Manuvie et plusieurs pavillons universitaires, Anik Shooner, cofondatrice de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes, a réalisé une grande diversité de projets d’envergure. Mais, concevoir le campus MIL, un projet charnière pour son alma mater, avait ses particularités.

« Il fallait redévelopper un site et créer des liens entre trois secteurs isolés, Outremont, Parc-Extension et la ville de Mont-Royal. Alors ce projet prenait un sens social très important, notamment pour les enfants de Parc-Extension qui pourront côtoyer le campus universitaire », explique Anik Shooner, architecte diplômée de l’UdeM.

« La présence de femmes sur les chantiers, comme sur celui du Complexe des sciences, fait évoluer la dynamique et le désir de travailler ensemble respectueusement », précise l’architecte francophone qui a appris très jeune à diriger les réunions de chantier sur de grands projets à Toronto. Si elle constate qu’il y a de plus en plus de femmes architectes, elle remarque que le défi demeure d’augmenter leur présence dans des postes de direction.

« Il faut aider les femmes à atteindre ces rôles, par exemple avec du mentorat, et je le dis souvent à mes collègues dans de grands bureaux d’architectes et d’ingénieurs, précise Mme Shooner. On ne peut pas seulement laisser aller les choses, parce que les jeunes femmes ont moins de modèles que les hommes. Avoir plus de femmes leaders dans ces grandes firmes sera un plus pour la société, à tous les niveaux. »

Hélène Brisebois, l’ingénieure principale du projet

Hélène Brisebois, ingénieure
© Martine Doucet

Pour Hélène Brisebois, ingénieure en structure et présidente de la firme SDK et associés, l’un des grands défis du Complexe des sciences était de concevoir, à proximité de voies ferrées en activité, le squelette d’un bâtiment avec la fonction d’accueillir des laboratoires et des équipements de très haute précision et sensibles aux vibrations.

« Il fallait créer une structure capable de réagir adéquatement aux vibrations extérieures et dont le comportement n’affecterait pas l’utilisation des équipements », explique l’ingénieure en structure et présidente de la firme SDK et associés.

Le projet est réalisé selon un mode collaboratif qui permet aux architectes, aux ingénieurs et aux constructeurs de travailler sur la même plateforme de modélisation des données du bâtiment. La méthode facilite la coordination des équipes pour répondre aux défis de construction.

Même si la situation tend à s’améliorer, les femmes ingénieures en structure sont peu nombreuses. « Et parmi elles, il y en a encore peu qui choisissent le génie-conseil, même si c’est passionnant ! », s’exclame celle qui est arrivée à embaucher quatre filles pour 30 gars parmi les ingénieurs de SDK.

Parole aux femmes du chantier campus MIL

 © Amélie Philibert – Université de Montréal

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Tanya Beauregard, opératrice d’ascenseur

« Mon métier est très excitant. Je suis chanceuse d’avoir l’opportunité de voir comment les ascenseurs sont mis en place, les puits ou les essais d’amortisseurs. J’ai également la chance de me promener sur les toits des ascenseurs ou d’évacuer des gens. »

« J’aime bien voir des femmes sur les chantiers. Je trouve qu’il y a une certaine solidarité entre nous dans ce milieu principalement masculin. Je vois que depuis les trois dernières années, il y a de plus en plus de femmes sur les chantiers. »

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Vanessa Dufour, arpenteuse

« Je sens qu’il y a de plus en plus de femmes sur les chantiers de construction et ça fait une réelle différence. Ça prouve que nous avons réussi à faire notre place. »

« Mon plus grand défi au Complexe des sciences a été la complexité : il s’agit de mon premier grand chantier et principalement pour la finition extérieure. Ce chantier m’a beaucoup appris sur mon métier, même s’il n’y en a pas deux identiques. Le fait de savoir que ce bâtiment deviendra une partie de l’Université de Montréal, et qu’il accueillera des centaines (voire des milliers) de personnes ajoute à la fierté d’avoir participé à ce projet. »

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Tanya Frangetti, cimentière-applicatrice

« Manipuler le béton, pour moi, se fait tout naturellement – un peu comme un artiste le ferait sur une œuvre d’art. Mon métier peut être très créatif ! »

« Il y a peut-être plus de femmes sur les chantiers en général, mais je n’ai pas eu la chance d’en côtoyer une autre qui pratique le même métier que moi. »

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Cristina Serban, manoeuvre spécialisée

« Je ne connais pas les pourcentages exacts, mais je suis certaine qu’il y a de plus en plus de femmes dans le monde de la construction et ça fait une réelle différence. Je suis fière de ma féminité. On démontre qu’on peut accomplir tout ce qu’on veut, peu importe les tâches. »

« C’est très encourageant de travailler sur un projet qui va participer à écrire l’histoire et qui va laisser des traces. C’est plus qu’un chantier ou un bâtiment, ici, nous donnons la chance aux étudiants et aux professeurs-chercheurs de faire avancer la science… et toute la société ! »

« Le monde de la construction peut être même considéré comme de l’art à certains moments. Nous avons la chance de voir ce qu’il y a derrière vos murs et nous nous formons des souvenirs selon les différentes phases, que les occupants du bâtiment n’auront pas vues. Comme artiste qui œuvre dans la sculpture des métaux, mon coup de cœur ce sont les cages Faraday, dont les murs sont recouverts de cuivre ! »

artilce femmesUdeM Paige Sullivan

Paige Sullivan, électricienne

« Il s’agit du plus gros chantier sur lequel j’ai eu la chance de travailler. J’ai beaucoup appris, sur mon métier, mais surtout sur moi-même. J’ai également pu voir une réelle chaîne de travail, avec plusieurs corps de métiers. J’adore ce chantier ! »

« Le fait de voir plus de femmes sur les chantiers est vraiment une source de motivation. J’ai vraiment le sentiment d’avoir ma place ici, les gens sont gentils et me traitent comme leur égale – et non pas juste comme une fille sur le chantier ! »