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Construction 4.0 : pas de révolution sans développement des compétences

Manon Poirier
Chroniqueuse actualités

L’essor de l’automatisation et de l’intelligence artificielle chamboule tous les secteurs d’activité, incluant celui de la construction. Porteuse de nouvelles occasions d’affaires, la révolution du 4.0 pose aussi un défi humain. Pour y faire face, les entreprises du secteur doivent investir dès maintenant dans la requalification de leur main-d’œuvre.

Vu de l’extérieur, le milieu de la construction paraît en pleine effervescence technologique. Dans les médias, on parle de bâtiments intelligents, de vestes exosquelettes pour soutenir les opérateurs de marteau-piqueur, d’habitations « imprimées » en 3D, etc.

Ces innovations font rêver. Pourtant, le virage technologique s’annonce ardu sur les chantiers. L’industrie de la construction fonctionne déjà à plein régime. La pénurie de main-d’œuvre ne cesse de s’accentuer. Par ailleurs, en 2017, le Conseil des technologies de l’information et des communications rapportait que seulement 12 % des entreprises de la construction avaient recours à l’automatisation et à la robotique industrielle.

Voilà autant de raisons de placer le développement des compétences en haut de la liste des priorités.

Une requalification qui s’impose

Les travailleurs, eux, sont pleinement conscients du défi qui les attend. Dans un sondage CROP/CRHA mené en mai 2019 auprès de 578 travailleurs québécois, 63 % d’entre euxnestimaient que la transformation numériquenet technologique ferait évoluer leurs tâches etnleurs responsabilités de façon « importante ».

Ce constat ne semble pas effrayer les travailleurs de 18 à 34 ans : 81 % d’entreneux avaient déjà le sentiment de posséder les compétences nécessaires pour faire face ànl’essor de l’automatisation et de l’intelligencenartificielle. Les détenteurs de diplômesuniversitaires affichaient la même confiance.

Deux cohortes sont toutefois plus vulnérables : si 63 % des travailleurs âgés de 55 ans et plus et environ 60 % des gens détenant un diplôme d’études secondaires ou moins se sentaient bien outillés face à l’ère numérique, près du quart d’entre eux affirmaient le contraire.

Ces chiffres devraient interpeller les employeurs de la construction, qui n’ont pas le luxe de se priver de ces deux cohortes de travailleurs en raison d’un criant besoin de main-d’œuvre dans le secteur.

C’est d’ailleurs en misant sur la requalification des employés d’expérience et sur le développement des talents que ces entreprises pourront saisir les occasions d’affaires qu’apporte la transformation technologique.

Un projet mobilisateur

La transformation 4.0 pose certes des défis. Toutefois, le sondage CROP/CRHA nous rappelle qu’il s’agit d’un projet mobilisateur, aussi bien pour les entreprises que pour les travailleurs.

En effet, une large majorité de travailleurs québécois croient que la transformation numérique leur permettra d’être plus productifs (72 %), accroîtra leur bien-être au travail (66 %), renforcera leur autonomie sur le marché du travail (66 %) et leur offrira de nouvelles occasions de développement de compétences (68 %).

Aussi, gardons en tête que la responsabilité de développer les compétences du futur ne repose pas uniquement sur les épaules des employeurs. Ni uniquement sur celles des employés, d’ailleurs. Le virage 4.0 exige un effort collectif, impliquant des entreprises innovantes, des travailleurs-apprenants et des instances gouvernementales qui ont pour mission d’accompagner la transformation.

Les entreprises de la construction ne sont pas seules dans le bateau. Tous les secteurs d’activité vivent des bouleversements. C’est pourquoi de nombreux organismes ont été créés pour soutenir l’innovation, incluant le CEFRIO, Inno-centre et bien d’autres ressources.

Les entreprises et les travailleurs ne doivent donc pas hésiter à solliciter l’aide dont ils ont besoin pour prendre part à la révolution technologique.

Cefrio.qc.ca
Inno-centre.com