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Comment bien ventiler une habitation ?

Association de la construction du Québec
Actualités de la construction

Les habitations d’aujourd’hui sont relativement étanches. En fait, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les constructions neuves et nombre de propriétés rénovées sont tellement étanches à l’air qu’il faut recourir, pour améliorer le taux de renouvellement d’air intérieur, à un système de ventilation mécanique, une exigence du Code national du bâtiment en ce qui a trait aux maisons neuves, depuis 1990.

Cependant, ce qui dicte le choix et le type d’installation de ces dispositifs désormais obligatoires a récemment été encadré par le législateur québécois pour en optimiser le fonctionnement et le rendre conforme à des exigences plus strictes sur les plans énergétique et acoustique.

« En désirant augmenter l’efficacité énergétique, on doit prendre des précautions pour assurer une bonne qualité de l’air dans les habitations, convient Geneviève Labonté, vice-présidente Stratégies Innovations du Groupe Isolofoam, manufacturier de panneaux isolants en polystyrène expansé. En améliorant la performance énergétique de nos habitations, on les rend étanches à l’air et à l’eau. Le contrôle des mouvements d’air permet de réduire les pertes de chaleur et engendre des économies d’énergies. Cependant, les contaminants volatils dans l’habitation et l’humidité générée par les activités des occupants doivent être évacués à l’extérieur, car cela peut favoriser le développement de moisissures et entraîner des problèmes de santé pour les occupants », ajoute-t-elle.

Au banc des accusés, elle note le mauvais équilibre d’apport et d’évacuation d’air, mais aussi des défaillances de construction. « Un pare-vapeur intérieur mal scellé ou abîmé lors des travaux sur le chantier ou des produits pare-vapeur installés à l’extérieur du bâtiment sont deux des principales sources qui nuisent à l’intégrité d’une propriété. Un parfait contrôle des moyens mécaniques d’assainissement et de redistribution de l’air doit être exercé en tout temps dans une habitation et les ventilateurs récupérateurs de chaleur (VRC) jouent adroitement ce rôle », poursuit-elle.

« Mais il faut aussi mettre l’accent sur la qualité de l’installation des produits de l’enveloppe du bâtiment et s’assurer que l’ensemble est bien scellé. En fait, il faut que l’habitation comporte un pare-vapeur dont l’étanchéité n’est pas rompue. Dans le cas où un pare-vapeur est abîmé, mal scellé ou installé au mauvais endroit, l’humidité contenue à l’intérieur de l’habitation se dirigera dans la structure et deviendra une source propice à la moisissure après quelque temps. Il faut permettre aux matériaux de l’enveloppe du bâtiment de sécher. En ce sens, l’installation de produits non pare-vapeur du côté extérieur est à privilégier », précise-t-elle.

Contaminants

Lucie Marcotte, chimiste et spécialiste de la qualité de l’air chez Benjel Chimistes Conseils, corrobore ces affirmations. « À une époque où les maisons sont on ne peut plus étanches, elles peuvent être source de condensation, un phénomène à éviter. La moisissure affectionne les substrats tels que le bois, le carton et tout élément à base de cellulose, des matériaux très utilisés dans la construction au Québec », dit-elle.

« Or, une fois les colonies de moisissures établies sur les matériaux, des spores peuvent se disperser dans la portion habitable de la maison. Une situation pouvant occasionner des problèmes de santé, surtout chez les personnes à risques comme les jeunes enfants et les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques. Il est important de savoir que la moisissure ne se développe pas en l’absence d’humidité. C’est pourquoi il est important de maintenir l’humidité relative de nos maisons entre 30 % et 50 % comme le recommande Santé Canada », poursuit Lucie Marcotte.

article-ventilation1L’utilisation d’un échangeur d’air doté de filtres pour les particules fines et d’un dispositif éliminant l’humidité relative est un bon choix. Cependant, une infiltration d’eau ou un pare-vapeur déficient peuvent annihiler tous les efforts consentis pour empêcher la formation de moisissures », souligne-t-elle.

Lucie Marcotte recommande aux constructeurs de faire vérifier la qualité de l’air dans les habitations en voie d’être livrées pour détecter toute trace de contamination fongique dans l’air intérieur. « Les contaminations ne sont habituellement pas visibles, particulièrement dans une maison neuve. En l’absence de signes apparents, un test de qualité de l’air peut indiquer la présence d’une problématique pour laquelle il existe toujours une solution. »

« Certaines règles cruciales sont aussi à respecter sur le chantier d’une habitation neuve avant de fermer les murs et le toit et de procéder à l’assemblage des conduits de ventilation », estime Lucie Marcotte. Elle réitère l’importance de s’assurer de bien sécher les matériaux avant de refermer définitivement les murs et d’éliminer tout matériau poreux qui aurait été exposé à l’humidité excessive ou qui est carrément mouillé, comme le prévoit l’Association canadienne de la construction dans le document ACC 82, publié en 2004. La qualité de l’air à l’intérieur de l’habitation n’en sera que rehaussée.

Choix du VRC

Il est important d’établir la capacité de ventilation nécessaire au bon échange d’air dans une maison. Selon Jean Pothier, technicien principal et formateur chez Venmar Ventilation, le choix du type de ventilateur récupérateur de chaleur à installer dans une habitation est encadré par une loi adoptée récemment par l’Assemblée nationale du Québec et parue dans la Gazette officielle le 15 août 2012. Ainsi, seuls des appareils testés et accrédités par l’organisme de certification Home Ventilating Institute (HVI) peuvent être installés dans les habitations neuves. Ces VRC sont soumis à des exigences plus strictes afin de maintenir leur homologation Energy Star. « Ces appareils plus efficaces sur le plan énergétique récupèrent davantage de chaleur tout en consommant moins de puissance électrique. Ils offrent également un fonctionnement plus silencieux. En fait, ils sont à peine audibles », observe Jean Pothier.

Dans les maisons chauffées à l’aide de radiateurs électriques, on a recours à un système de VRC dit dédié. Ce type d’installation possède son propre réseau de conduits. Il court généralement dans les plafonds ou les murs où les sorties sont disposées. Dans le cas d’une habitation équipée d’un appareil de chauffage central à air pulsé, l’unité de VRC est arrimée à l’appareil de chauffage et son réseau de circulation d’air. Dans les deux cas, on privilégiera un réseau de conduits faits de tôle galvanisée. Ce matériau a la propriété d’offrir une friction minimale pour permettre une circulation plus efficace de l’air.

Les conduits de systèmes dédiés nécessitent habituellement peu d’entretien. Les registres d’air localisés au plafond ou en haut des murs aspirent très peu de poussières. « Par contre, le système dit central (à air pulsé), avec ses grilles au sol, accumule plus rapidement les saletés et les débris provenant des planchers. Or, le système dit central déplace dix fois plus rapidement l’air qu’un système dédié. Malgré la contrainte de l’entretien, son utilisation demeure plus avantageuse », indique Jean Pothier.