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Chauffage, ventilation et conditionnement d’air

Marc Beauchamp
Chroniqueur actualités

L’industrie du chauffage, de la ventilation et du conditionnement d’air (CVCA dans le jargon du métier) a le vent en poupe. Particulièrement depuis une dizaine d’années où les nouveautés se succèdent à un rythme effarant et où les rendements écoénergétiques s’améliorent de manière soutenue. Choix populaire au moment de rénover une maison et option souvent favorisée lors de l’achat d’une propriété neuve, le Québec représente un des plus importants marchés d’installation de systèmes de climatisation en Amérique du Nord. Il se vend des dizaines de milliers de systèmes centraux de conditionnement d’air chaque année, voire le double quand il s’agit d’appareils de CVCA muraux, généralement appelés bi-blocs. Des consommateurs plus avisés et la quête de confort à coût abordable expliqueraient cet engouement. L’avènement du nouveau règlement en matière d’efficacité énergétique alimentera bientôt davantage cette dynamique commerciale croient les experts de l’industrie. S’inspirant de la norme volontaire Novoclimat, ces nouvelles exigences constituent la partie 11 du chapitre I, Bâtiment, du Code de construction du Québec et, au moment d’écrire ces lignes, l’entrée en vigueur est prévue à l’été 2012. Portrait de l’innovation.

Chauffage Photo A  KarineTrak 2012 05

Chaque année depuis 2012, au moins un fabricant de composants de CVCA présente un nouveau produit plus efficace que les précédents. Cette évolution rapide a donné naissance à une compétition féroce entre les fabricants, précisent d’entrée de jeu les représentants des fabricants consultés. Selon Karine Trak, directrice du marketing du secteur résidentiel de Enertrak à Laval, « la bonification de la performance des appareils et de leur efficacité énergétique, la fiabilité accrue des composants et les garanties plus généreuses décrivent bien l’ampleur de l’évolution. Ce sont des appareils qui génèrent beaucoup de confort et pour longtemps. » Elle recommande néanmoins aux promoteurs de projets domiciliaires et aux acheteurs d’habitations de se procurer des appareils de gammes moyennes et élevées, suggérant dans la foulée un choix de produits de marques japonaises, des équipements faisant preuve d’une nette avancée. « Des techniciens parfaitement formés présentent dans tous les cas les produits les mieux adaptés à une habitation donnée » – Karine Trak (voir la photo ci-contre).

Un peu d’histoire

Il y a moins d’une décennie cependant, il était beaucoup plus simple d’imaginer, voire de vendre, un comptoir design en granite pour la cuisine et une jolie toilette à faible débit d’eau de nature écologique à un éventuel acheteur d’habitation ou à un propriétaire occupant, plutôt que de faire la promotion d’un système de ventilation et de conditionnement d’air pour la maison puisque les premiers éléments étant vus comme concrets, c’est-à-dire contribuant à enrichir directement le décor et la fonctionnalité quotidienne de la maison, tandis que le second, faisant partie de l’abstrait, c’est-à-dire sans bénéfice apparent selon l’avis de certains consommateurs. Au Québec, le chauffage fait partie de nos gènes, pas la climatisation et le conditionnement d’air, disait-on. « Or, depuis la fin des années 1990, on assiste à une profonde mutation dans l’art de vivre. Au même titre qu’un système de chauffage est nécessaire à la vie et au confort des occupants d’une habitation, les systèmes de ventilation et de conditionnement d’air font désormais partie des considérations d’achat d’une maison ou d’un condo. Ils agrémentent le bien-être en toute saison, contribuant à diminuer la présence d’allergène », indique Karine Trak.

Chauffage Photo B Carrier JF Charlebois« Principalement associés au marché de l’habitation moyen et haut de gamme, ces systèmes sont de plus en plus réclamés dans les propriétés destinées à des premiers acheteurs », précise par ailleurs Jean-François Charlebois, conseiller expert en systèmes de Carrier Canada. « Les bas taux de financements hypothécaires représentent un facteur prédominant de choix d’option de luxe sur une maison. Divers programmes gouvernementaux, ciblant entre autres l’installation de systèmes plus écoénergétiques, stimulent également le marché. On attribue cependant la progression des ventes de systèmes de CVCA à leur rapide évolution et à leur grande efficacité. » – Jean-François Charlebois, Carrier (sur la photo ci-contre.)

L’essor des systèmes bi-blocs

« On recommande les systèmes sans conduit pour des raisons d’espace ou de budget, observe Jean-François Charlebois. Cet équipement se prête particulièrement bien aux maisons et aux condos à aires ouvertes. Ces systèmes étaient conçus à l’origine pour répondre à des besoins de climatisation et non de chauffage. En outre, des propriétaires de demeures équipées de plinthes électriques n’avaient pas tendance à utiliser la climatisation. Dans certains cas, pour faire face à une canicule par exemple, on préférait simplement doter l’habitation d’un ou plusieurs climatiseurs de fenêtres, des appareils néanmoins bruyants. Pendant ce temps, dans les maisons équipées de systèmes centraux de chauffage, les propriétaires découvraient les vertus de la thermopompe. Un accessoire qui permettait de climatiser la maison en été et de la chauffer en automne et au printemps de façon plus économique, ménageant l’unité centrale de chauffage domestique au mazout, au gaz ou à l’électricité en l’utilisant à des fins purement hivernales. La régulation de l’air et du taux d’humidité était intégrée à l’unité de chauffage central. Maintenant avec les systèmes sans conduit, le confort de la climatisation et du chauffage d’une thermopompe devient abordable et rapide à installer pour tous les types de logement, en particulier les condos. Pour les maisons, il est même possible d’installer plusieurs unités reliées au même condenseur pour personnaliser le confort pièce par pièce. »

Retour de la thermopompe

Durant plusieurs années, les systèmes de chauffage centraux à fournaises alimentées au mazout ou au gaz, intégrant une thermopompe, étaient plus populaires ailleurs au pays qu’au Québec, estime Jean-François Charlebois. « Une équation en partie liée au faible coût de l’énergie électrique (plinthes) chez nous. Le marché toutefois évolue, en dépit du fait que les nouvelles maisons et les multiples condominiums sont le plus souvent chauffés à l’aide de plinthes électriques, les nouveaux propriétaires insistent de plus en plus pour équiper leur appartement de systèmes bi-blocs. De cette façon, ils réussissent à se procurer un système de conditionnement d’air de plus en plus intéressant, en fonction des vicissitudes du réchauffement climatique, à obtenir une réduction intéressante de leur facture de chauffage et à mieux contrer l’augmentation sans cesse croissante des tarifs d’électricité. Ces systèmes ne requérant pas l’installation classique de ventilation centrale, ils sont définitivement plus abordables et peuvent être facilement déployés dans des unités individuelles de condominiums. »

Dans le marché résidentiel, un acheteur d’unité d’habitation peut se procurer un système de ventilation et de conditionnement d’air mural de qualité à un coût variant entre 2000 $ et 4000 $. La valeur médiane d’un système central de chauffage et de climatisation est d’environ 15 000 $.