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Insonorisation des bâtiments : une science de la construction

Association de la construction du Québec
Actualités de la construction

© Giguère Portes et fenêtres Inc.
L’insonorisation d’un bâtiment peut avoir un impact important sur le bien-être, le bonheur et la productivité de ses occupants. Plus qu’un art, cette approche systématique du contrôle des sons, marque l’enjeu de compétence des architectes et des entrepreneurs.

On voit régulièrement sur les enseignes promotionnelles des chantiers de tours d’habitations les expressions isolation acoustique supérieure avec planchers en béton. Ces affirmations servant à véhiculer des valeurs d’insonorisation laissent toutefois Salvatore Ciarlo, directeur des services techniques et normes chez Owens Corning Canada, perplexe. Car, l’acoustique n’est pas une adéquation bidimensionnelle, mais plutôt tridimensionnelle.

« Une dalle de béton ne peut par elle-même empêcher la propagation du son entre les logements. Il faut penser au système et aux solutions complètes pour aider à mieux atténuer la transmission du son directe et indirecte dans un immeuble », résume-t-il.

Les constructeurs assimilent de plus en plus les pratiques d’isolation acoustiques. Mais, les rudiments de l’insonorisation échappent encore aujourd’hui à de nombreux entrepreneurs. « Cette réalité se traduit par des carences d’accomplissements sur les chantiers de construction d’immeubles d’habitations et d’édifices commerciaux. Dans le Code national du bâtiment 2015 (CNB), il y a désormais une nouvelle exigence acoustique. L’inclusion de l’Indice de transmission du son apparent dans la partie 5 du Code permet d’évaluer la conformité des bâtiments avec les exigences minimales (ITSA 47) de protection contre le bruit entre les logements. Cette désignation inclut toutes les transmissions directes et indirectes de son à travers les murs et planchers qui séparent des espaces habitables. »

Avant de construire

« C’est pourquoi, pour bien réussir un travail d’isolation acoustique, il faut absolument penser à un projet dans son ensemble, en considérant chacune des cloisons qui raccordent l’immeuble, en précisant les détails de jonctions et en prévoyant le scellement de toutes les ouvertures pour empêcher l’air et le bruit de passer d’un logement à l’autre, insiste-t-il. Ces mesures consistent à augmenter la masse pour aider à bloquer le son en ajoutant plus de plaques de plâtres de Type X en outre, et en séparant les couches de gypse de la structure. Ce travail s’effectue par couplement mécanique, en utilisant des barres résilientes notamment, et en remplissant la cavité d’air avec un isolant insonorisant. Ce sont des principes de base. »

« Il est important de savoir réaliser cet exercice avant le lancement de la construction du bâtiment, car c’est à l’étape de l’élaboration des plans et des devis que tous les détails en matière d’insonorisation doivent être discutés avec les architectes. Il est difficile, voire très coûteux, de corriger une malfaçon dans ce domaine une fois la construction terminée, précise ce spécialiste. Il existe plusieurs produits innovateurs sur le marché permettant de répondre aux besoins les plus pointus, particulièrement dans le vecteur des bruits d’impacts, comme les bruits de pas occasionnés par les chaussures, dont les escarpins, sur les planchers. »

« Des systèmes de produits sont conçus pour aider à neutraliser l’énergie sonore. La pose de laine insonorisante dans les cavités de planchers et de murs avant la fixation des matériaux de recouvrement veillera à absorber le son. L’installation d’une membrane d’insonorisation sous les planchers flottants est également indiquée. Le but étant de créer des pièces étanches. »

Solutions appropriées

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© Armstrong

Un outil conçu par le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), l’application logicielle web soundPATHS, contribue à cet enseignement. Ce logiciel gratuit permet de confirmer la qualité des assemblages de systèmes acoustiques soumis dans un projet. Ce didacticiel prédit le degré de transmission directe et indirecte du son entre des pièces contiguës, c’est-à-dire à travers un ensemble de séparations, comprenant murs et planchers. La méthode de calcul utilisée dans l’application soundPATHS observe les exigences du CNB 2015.

Outre ce logiciel, il existe de bons guides sur l’insonorisation des bâtiments développés par le CNRC et disponibles en ligne. L’astucieux Guide de calcul de la transmission des bruits aériens dans les bâtiments, RR-331 est à cet égard fortement recommandé. Vous trouverez facilement cette information en naviguant sur le site Internet nrc.canada.ca.

Aussi, le Conseil, au même titre que les fabricants de matériaux d’isolation acoustique, offre des formations sur le sujet pour aider autant les architectes et les ingénieurs que les entrepreneurs et les ouvriers de la construction à mieux cerner les besoins en matière d’insonorisation dans l’industrie canadienne du bâtiment.

Jean-François Perron, directeur des ventes Est du Québec et provinces atlantiques chez Armstrong Solutions plafond et mur, indique qu’il existe une grande variété de panneaux architecturaux pour combler avec soins et esthétique les besoins d’insonorisation de tout espace. « Ils permettent d’ajouter une touche élégante aux attentes spécifiques de matériaux. Des produits en bois jusqu’aux carreaux métalliques décoratifs, ces systèmes contribuent, avec caractère, à diminuer l’indice de réverbération et de transmission du son à l’intérieur d’une pièce. »

Structures ouvertes

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© Armstrong

Pour illustrer cette assertion, il nous invite à imaginer l’intérieur d’une église. Dans cet environnement, le temps de réverbération est habituellement très élevé. « Un bruit d’impact, comme des applaudissements, peut prendre en effet jusqu’à cinq secondes avant de s’estomper. »

« Lorsque plusieurs personnes toussent, parlent ou chantent dans ce type d’environnement, la cacophonie peut devenir insoutenable, dit-il. On peut ainsi tracer un parallèle avec les espaces destinés au cotravail (coworking), des aménagements de plus en plus populaires, où la durée d’une onde de réverbération peut entraîner maux de tête, nuire à la concentration et affaiblir la productivité des employés. Dans ces milieux, il importe de mettre en application des concepts d’insonorisation éprouvés. »

« Ces solutions sont désignées dans le jargon de l’industrie par les acronymes CRB et CAP, des dispositions distinctes et complémentaires. Le premier jalon réfère à la capacité d’un matériau à absorber le bruit, de réduire la réverbération pour que le confort acoustique de la pièce reste feutré. L’indice CAP définit la valeur d’écran, la capacité du matériau de limiter la transmission sonore vers les espaces adjacents. Ces mesures servent autant le marché de l’habitation où pullulent les aires ouvertes que les aménagements de grands espaces de bureaux, soit des environnements où les pièges acoustiques sont réputés. »

Aussi, plusieurs propriétaires d’habitation préférant des surfaces de style loft, comme les commerçants qui privilégient des aires d’exposition hautes et dégagées, se fient à la compétence des entrepreneurs pour parvenir à équilibrer la réverbération à l’intérieur de ces pièces de grandes dimensions. Les locaux qui reprennent le style dénudé des structures industrielles, des superficies convoitées offrant un pontage apparent et pourvu d’équipements mécaniques visibles, stimulent le défi d’aménagement et, plus particulièrement, l’intérêt des constructeurs pour une formation plus accomplie, estime Jean-François Perron.

Vision d’ensemble

« Dans ce type d’environnement, nous suggérons des tuiles de fibres minérales ou de verres, voire des composés de feutre mou. En outre, un assortiment de panneaux insonorisants en bois ou en métal. Ces surfaces architecturales qui peuvent être peintes pour se fondre dans le décor ou pour ajouter un cachet à la pièce, selon l’effet recherché, contribuent à l’ambiance et au confort des occupants, en diminuant le temps de réverbération (écho) et en bloquant la transmission sonore. »

Des travaux continus de recherches et de développement de produits contribuent à l’essor de solutions toujours plus avancées dans le marché de l’acoustique. Armstrong lance de nouveaux matériaux en moyenne deux fois par année. C’est une industrie en constante évolution. À cet égard, la taille des catalogues des fabricants et des fournisseurs de produits de tuiles et panneaux insonorisants prend périodiquement du volume. La courante mise à jour des sites Web des fabricants où sont proposés l’éventail de l’offre et des conseils et méthodes d’installation en témoigne également.

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© CertainTeed Canada

« C’est un ensemble de systèmes et de techniques d’installation de produits, dont le soin est accordé à l’étanchéité autour de chaque ouverture d’une pièce, qui formulera les plus grands succès d’accomplissement. Il faut tenir compte de la performance acoustique des matériaux, qu’ils soient installés au plafond, aux cloisons ou au plancher. Il importe de déterminer où nous devrons absorber ou bloquer le son. Nous serons ainsi plus en mesure de bien choisir les produits ou systèmes qui répondent aux besoins. Sinon, on compromet la qualiténada de la performance acoustique dans une pièce. » Cette vision du détail expliquée par Brent Bélanger, directeur des services architecturaux chez CertainTeed Canada, fabricant de laines, de gypse et de panneaux insonorisants, définit la compétence des acousticiens et le rendement des pièces réalisées.

« Dans tout projet d’isolation acoustique, insiste-t-il, il faut consacrer beaucoup d’attention au calfeutrage des contours de boîtes électriques, des portes et des fenêtres. Il est important de s’assurer de l’absence de circulation d’air dans tous les périmètres d’accessoires pour parvenir à l’équilibre acoustique souhaité. Il en va de même pour la qualité de l’installation de tous les matériaux d’insonorisation. »

Minutie essentielle

 Il souligne cependant que la réalité des chantiers est tout autre. « Les travaux réalisés dans des conditions d’intempéries et le respect des délais de livraison souvent serrés ajoutent à la pression des installateurs. Ces dimensions peuvent nuire à l’exécution d’ensemble. »

« C’est pourquoi les fabricants de produits insonorisants, qui sont sensibles à ces situations, ont mis sur pied des programmes de formation qui aident tous les participants d’un projet à réaliser un travail efficace et soigné, en respectant de bonnes conditions de chantiers, car il ne faut jamais perdre de vue que l’acoustique c’est comme un bateau. S’il y a une perforation dans la coque ou une mauvaise soudure dans le carénage qui protège de l’eau, le navire peut couler. Cette métaphore qui traduit le fondement de l’engagement dans le domaine de l’acoustique est à la source de l’apprentissage », précise Brent Bélanger.

Samuel Giguère, copropriétaire de Giguère Portes et fenêtres Inc., un fabricant de la région de Québec qui contribue à des projets d’acoustique réputés, partage cet intérêt de minutie essentielle à l’efficacité de toute entreprise d’insonorisation.

À cet égard, il conseille des ensembles sélectionnés de fenêtrage en PVC dotés de triple vitrage. Dans certains cas des composants de verre de spécialité, comme ceux suggérés pour les immeubles abritant des spas, des bureaux de psychologues ou de traitements neuropathiques, soit des environnements exigeant des summums en matière de barrières antibruit.

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