Relations du travail

Moderniser l’industrie de la construction devenait un incontournable

Valérie Mallette Valérie Mallette
Valérie Mallette
Chroniqueuse RT

L’enjeu du manque de travailleurs sur les chantiers et les lacunes de productivité de l’industrie ont mené à un important exercice de réflexion de la part de l’Association de la construction du Québec dans la recherche de solutions pour rendre l’industrie plus attrayante et plus dynamique.

Rappelons que le milieu de la construction au Québec est régi par un ensemble de règles établies sous un régime particulier, la loi R-20. Or, contrairement à son équivalent, le Code du travail, qui a subi plusieurs révisions au fil des années afin de pouvoir s’adapter à l’évolution du marché du travail, la loi R-20 n’a connu que peu de modifications depuis son entrée en vigueur en 1968.

Difficultés de recrutement

En fait, la rigidité de la réglementation qui en découle occasionne un frein indubitable à la croissance de l’industrie. Depuis 2015, c’est 55,6 millions d’heures de plus qui sont travaillées par année 1, mais les entrepreneurs font face à des difficultés de recrutement sans précédent avec un manque à gagner de 20 000 travailleurs par année et ce, pour les 10 prochaines années. Sensible à ces constats, le gouvernement a alors adopté, le 26 avril 2021, huit mesures d’allègement permettant d’augmenter la disponibilité de la main-d’œuvre sur les chantiers au Québec. Malgré tout, force est de constater que selon un sondage réalisé par la CCQ en 2022, 59 % des employeurs doivent encore refuser des contrats,
en raison des difficultés de recrutement 2.

D’autres questions doivent se poser telles que l’efficacité du processus d’embauche des travailleurs étrangers temporaires (TET) en termes de délais et de coûts lorsque l’on mesure le mince 1,2 % de permis de travail approuvés au Québec pour des travailleurs de la construction comparativement au reste du Canada.

L’objectif est simple, l’industrie se doit d’être plus productive, efficiente et attirante pour la relève.

Quelles sont les solutions possibles ?

Récemment, le gouvernement a exprimé la volonté d’actualiser l’industrie de la construction. L’ACQ salue cette initiative et a déjà entrepris plusieurs discussions depuis le début de l’année avec les représentants des différents ministères.

Cela devra inévitablement passer par l’assouplissement de certaines règles qui permettront un meilleur arrimage avec la réalité vécue sur les chantiers de construction. Pensons notamment à la rigidité occasionnée par le cloisonnement des 25 corps de métiers au Québec comparativement à seulement 6 métiers obligatoires en Ontario. Ou encore, les barrières reliées à la mobilité de la main-d’œuvre qui ne permettent pas aux travailleurs d’exercer leur emploi dans la région de leur choix.

Ce ne sont que quelques exemples parmi tant de contraintes engendrées par un manque de flexibilité dans la réglementation et qui occasionnent non seulement des retards dans l’exécution des travaux, mais également au niveau de la rétention des travailleurs. Il devient alors nécessaire de repenser l’organisation du travail en regard du marché actuel du travail.

Impacts sur vos chantiers

Nous sommes persuadés que le secteur de la construction continuera de jouer un rôle majeur dans l’accroissement de la richesse québécoise et sa modernisation permettra d’optimiser encore davantage sa productivité.

En définitive, cette réforme entraînera assurément plusieurs impacts sur vos différents chantiers et l’ACQ s’assurera de vous tenir informés de tout développement futur dans ce dossier de grande importance.

1 CCQ, Heures travaillées par secteur, 2012-2021, Tableau A 2.2 CCQ, Sondage sur l’anticipation de l’activité et des difficultés de recrutement des employeurs dans l’industrie de la construction, Automne 2022.